Commentaires de Syméon le Nouveau Théologien
" Examinons bien si
l’astre levant a illuminé notre cœur ou si nous sommes
toujours dans les ténèbres de l’ignorance. Luttons pour
accroître ce feu divin en nous. ". Dans la
personne du chrétien, c’est le Christ lui-même qui vit et
agit. Syméon décrit la désolation de ceux qui ne possèdent
pas le Christ en eux et qui sont habités par les rêves
illusoires de ce bas-monde : " Voyons donc,
frères, examinons-nous exactement et instruisons-nous de
l’état de nos âmes. Le sceau est-il bien en nous ?
Reconnaissons si le Christ est en nous aux marques que nous avons
dites. Écoutez, je vous prie, frères chrétiens, réveillez-vous
et observez si la lumière a illuminé vos cœurs. Si vous avez
contemplé la grande lumière de la connaissance, si l’astre
levant vous a visité venu d’en haut, se manifestant à nous
qui étions assis dans les ténèbres de la mort. Et rendons
gloire et actions de grâce ininterrompues à la bonté du
maître qui nous a fait ce don et luttons pour nourrir et
accroître en nous-même par la pratique des commandements le feu
divin grâce auquel la lumière divine prend toujours plus
d’éclat et de force. " Dans ses Hymnes,
il témoigne que cet astre levant est né dans son cœur, en
lui-même : " Ce feu se lève en moi, au-dedans
de mon pauvre cœur, tel le soleil ou tel le disque solaire.
Il se montre sphérique, lumineux, oui, tel une flamme. Je ne
sais, je le répète, ce que je puis en dire, et je voulais me
taire si seulement j’avais pu. Mais la merveille redoutable
fait bondir mon cœur et ouvre ma bouche, ma bouche
souillée, et malgré moi, me fait parler et écrire. "
Il dénonce à la fois ceux qui croient posséder cette
expérience et ceux qui nient qu’elle soit possible
ici-bas : " Toi qui t’es levé à
l’instant dans mon cœur enténébré, toi qui m’a
montré des merveilles que mes yeux n’avaient point vues,
toi qui es descendu jusqu’en moi comme dans le dernier de
tous, toi qui m’avais fait disciple et fils d’un
apôtre, moi que le terrible dragon homicide retenait auparavant
comme ouvrier et instrument de toute iniquité, toi le soleil
d’avant tous les siècles qui a brillé dans les enfers, et
qui a ensuite éclairé mon âme plongée dans les ténèbres et
m’a fait don d’un jour sans déclin, ô la chose
difficile à croire pour les lâches et les paresseux de mon
espèce, toi qui a comblé de tous les biens la misère qui
m’habitait, toi-même, donne-moi une voix, fournis-moi des
paroles pour raconter à tous tes œuvres stupéfiantes et ce que
tu opères encore aujourd’hui en nous tes serviteurs ;
afin que ceux qui dorment dans les ténèbres de la négligence
et ceux qui disent impossible aux pêcheurs de se sauver et de
trouver miséricorde comme Pierre et les autres apôtres, saints,
bienheureux et justes ; afin que ceux-là, ceux qui disent
cela connaissent et apprennent que, pour une bonté telle que la
tienne, cela était facile et l’est encore et le sera ;
et ceux qui croient te posséder, toi, la lumière du monde
entier et qui disent ne pas te voir, ne pas être dans la
lumière, ne pas être éclairés, ne pas te contempler sans
cesse ô Sauveur, qu’ils apprennent que tu n’as pas
éclairé leurs pensées ni abrité dans leur cœur souillé
et qu’ils ont tord de se réjouir pour de vaines espérances
en s’imaginant voir ta lumière après leur mort. Non,
c’est dès ici-bas que les arrhes, c’est ici même que
le sceau, toi Sauveur tu les donnes aux brebis placées à ta
droite. Si pour chacun en effet la mort ferme la porte, si après
le trépas pour tous pareillement il n’y a plus rien à
faire, et si nul ne saurait plus agir bien ou mal, ô mon Sauveur
alors tel chacun sera trouvé tel il restera. "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire